Je suis un chien de refuge

En tant qu'ancienne Agent Animalier de refuge, et aujourd'hui Educatrice Comportementaliste, je vais vous partager mon expérience et mon ressentie sur "qu'est-ce qu'un chien de refuge". Je vais également parler de l'adoption et des associations.

En refuge, on y voit des chiens de tout âge :

• Des chiots qui viennent d'être mis au monde encore avec leur maman (qui montre souvent des signes d'avoir eu d'autres portées), des chiots de quelques mois

• Beaucoup de chiens entre 1 et 3 ans (abandonnés pour X raisons)

• Des chiens adultes (+ 3ans) et des vieux chiens, parfois presque en fin de vie

  
  

On y voit des chiens :

• abîmés

• apeurés

• stressés / anxieux

• fatigués

• perdus

Mais surtout des chiens qui ont grandement besoin d'apprendre :

• apprendre que la vie n'est pas que source de stress

• que les humains ne sont pas tous méchant

• qu'ils sont vus, entendus, respectés

• qu'ils ont le droit d'avoir le choix

• qu'ils ont le droit d'aimer et d'être aimé (à leur juste valeur).

Sur un pourcentage, les boxes sont surtout rempli de molosse, de terrier, de berger => 70%, des chiens de chasse => 10%, des primitifs => 10%, quelques chiens de races => 5 % - souvent récupérés d'élevage dans des conditions insalubres, et autres croisements => 5%.

(pourcentages de ce que j'ai pu observer par expérience, ce ne sont pas de vraies sources, juste les miennes).

La vie en refuge cause des effets sur la santé et le comportement des animaux. En effet, les conditions de vie comprennent de nombreux éléments susceptibles d’engendrer du stress chez les animaux pris en charge et, bien que les réponses au stress soient variables d’un individu à un autre, il n’en reste pas moins qu’elles s’accompagnent généralement de peur, d’anxiété et/ou de frustration. Les individus soumis à des facteurs de stress récurrents sur de longues périodes ont plus de probabilités de tomber malades et de développer des troubles du comportement (stéréotypies, conduites agressives, automutilation, dépression,…).

=> Vous l'aurez compris : on en sort pas sans séquelles, et le travail rééducatif / de remise en confiance sera long. Il faut être sacrément bien préparé pour offrir une seconde chance (ou + pour certain) à ses loulous. On ne rentre pas dans un refuge en se disant "je vais adopter" sans avoir vraiment réfléchi.

Les chiens confinés recevant peu d’attentions et d’exercices peuvent exprimer de la frustration, même quand leurs niveaux de stress, de peur et d’anxiété sont faibles :

• Aboiements aigus et répétitifs

• Sauts sur la grille du box

• Cherchent à sortir du box

• Détruisent (le panier, la gamelle…)

• Hyperexcitation

• Comportements anormaux répétitifs : tourner en rond, rebondir sur les murs, se lécher…

• Agression : aboyer/grogner/hurler quand une personne et/ou un chien s’approche ou passe à proximité.

La réponse au stress inclut la fuite mais aussi le passage à l’action. Exemple :

• Attraper la laisse, les vêtements, les mains avec leurs gueules

• Sauter sur les personnes, sur les grilles des autres boxes

• Tirer en laisse, bondir, tracter, tourner sur eux-mêmes

• Chercher à s’enfuir, se cacher, refuser d’avancer

• Attaquer les gens, les chiens croisés dans le refuge…

NB sur le sommeil qui est TRES important (pour tout être vivant d'ailleurs) : c’est en dormant que l’organisme se régénère. Le manque de sommeil rend également difficile l’apprentissage et la régulation des émotions, ce qui peut entraîner des problèmes de comportement.

Et autant vous dire que les chiens de refuge manque grandement de sommeil... 

Parlons maintenant des besoins indispensables à l’épanouissement de TOUS les chiens :

• activité physique régulière

• exploration de l'environnement

• stimulations cognitives (jeux, exploration, etc…)

• interactions sociales (interspécifiques et intraspécifiques)

  
  

Vous vous doutez bien que les chiens de refuge ne sont malheureusement pas comblés sur leurs besoins.

La plus part du temps, ils sont seuls 23h/24 dans leur box, sans occupation, sans interactions, juste là, à devoir attendre que le temps passe.

En France, les chiens hébergés en refuge vivent bien souvent isolés dans des boxes, où il peut s’avérer difficile de combler leurs besoins...

Les refuges sont tous différents, en fonction de leur localisation, de l'argent donné (dons ou autre), des personnes qui y travaillent ou celles qui viennent bénévolement, de la capacité d'accueil, de la fréquence et l'affluence des adoptions, etc... ce qui rend les moyens de gérer un refuge différent de l'un à l'autre.

Ce que je peux affirmer aujourd'hui c'est que les animaux ne sont pas encore aussi bien compris et accompagné pour leur bien-être, même si il y a des avancées bien meilleures qu'avant.

Evidemment, on ira dire que "les associations font de leur mieux" et oui, certaines associations y mettent vraiment tout leur cœur (encore heureux !), mais il existe aussi des associations qui ne mettent pas encore leur argent là où il faut, car "il faut placer" avant tout (#business).

Cette mentalité là m'a dégouté pendant un moment de la PA, mais aujourd'hui je ne perd pas espoir et je souhaite me tourner/aider des associations plus petites, plus humaines, plus dans le (vrai) bien-être animal.

Je sais qu'il existe beaucoup d'association... mais n'hésitez pas à soutenir l'une d'elle, de différentes façons :

• bénévolement

• en tant que salarié(e)

• financièrement

• en partageant sur vos réseaux

• en parlant autour de vous (sensibiliser)

L'adoption : un acte réfléchi

Comme dit plus haut, on ne se réveille pas un matin en se disant "aujourd'hui je vais adopter".

Ni en passant un dimanche devant un refuge et parce qu'on a eu un coup de cœur visuel, ni parce que papi se retrouve seul à 96 ans et qu'il doit avoir de la compagnie (déjà vécu)(et il voulait un chiot !), ni parce que ca fera juste plaisir aux enfants, ni parce que le premier chien de la famille détruit tout et que ca lui fera de la compagnie, etc...

Il y en aurait des raisons pour lesquelles il ne faut pas adopter !

J'en ai sensibiliser des gens lorsque j'étais agent. Mais je sais aussi que tout ceux à qui j'ai dit "non" pour telle ou telle raison, est partie (90% du temps) adopter ailleurs. Quand un humain veut quelque chose, il est souvent difficile de le lui en priver. Et c'est qui qui va encore en payer les frais ? ----------------------------->

=> Un exemple que j'ai eu une fois, lors d'un abandon : c'était un xDogue de quelques mois, et le monsieur me disait quelque chose. En creusant avec lui, je lui ai posé la question "Vous êtes déjà venu ici pour adopter, non ?", sans aucune honte, il m'a dit que oui, mais que 1 mois après il adopté ce xDogue chez un particulier (et si mes souvenirs sont bons, il n'était même pas bien sevré).

6 mois plus tard, il l'abandonne au même endroit où de base on lui avait dit non pour une adoption (pour je ne sais plus quelle raison).

Vous trouvez ça fou, non ? Mais combien passe par là ? Combien on été adopté sans réflexion et sans réelle motivation ?

Je tiens d'ailleurs à remettre les points sur les i (ou les barres sur les T, comme vous préférez) mais NON, n'écoutez pas les commentaires haineux de "on m'a refuser l'adoption parce que je vivais en appartement" (ou tout autre exemple).

Les agents sont souvent obligé de refuser car ils connaissent les animaux sur la structure. Ils prennent (normalement) beaucoup de précautions concernant les placements car ils ne veulent pas de retour => le principal but est de trouver LA famille idéale qui correspond à tel animal en fonction de son passif et de ses problématiques, de sa personnalité et de son individualité. Ils recherchent le milieu qui ne causera aucun stress supplémentaire à l'animal adopté, car oui, vous le sauvez d'un milieu anxiogène, mais il y a un gros travail à fournir derrière (et avant qu'il ne trouve sa place dans votre foyer et soin serin, il y a un peu de taff).

Je ne suis pas là pour dire qu'il y a des personnes mieux que d'autres. Il y a encore énormément à apprendre sur les chiens, mais beaucoup de personnes sont géniales avec leur animaux (encore heureux !), même si tout n'est pas parfait.

Ce que je veux dire c'est que aujourd'hui il est trop facile d'adopter, "d'acheter", d'avoir – tout simplement. Et tant qu'on continuera à céder à tous les caprices, tant que ce sera facile d'obtenir sur des sites bien connu – dont je ne citerai pas les noms – ou auprès de mauvais éleveurs / de particuliers mal intentionnés... le combat continuera sans cesse, fatiguant/brisant les personnes qui ne veulent que du bien pour les animaux, et les animaux eux-mêmes.

Si vous voulez adopter, allez-y. Mais allez-y avec toute votre motivation, tout votre cœur et avec déjà quelques connaissances (indispensables). Et surtout, faites-vous accompagner :

• Ce ne sera pas toujours facile

• Ce ne sera pas toujours évident

• Ce ne sera pas tout de suite le coup de foudre

• Votre chien aura des séquelles à soigner

• Votre chien aura un passif à oublier

• Votre chien aura besoin de temps et de patience

• Votre chien aura besoin d'être compris

Mais une chose est sûr : votre chien sera là pour vous aimer et pour vous apprendre. Faites en de même.

Lorsqu'on adopte, on en sort plus grand et surtout avec le cœur bien rempli.

C'est l'une des plus belles expérience de la vie.

Prenez soin d'eux.